Dans son Histoire naturelle, Pline l’Ancien raconte l’histoire de la fille du Potier de Corinthe qui, à la lumière d’une bougie, dessine la silhouette de son bien-aimé, projetée sur le mur de la chambre, la veille de son départ pour un long voyage.
Le père prend l’empreinte et la fait sécher au soleil, tout comme Fanny Alloing trouve la consolation dans la sculpture, après la disparition de sa jeune tante qui lui a été très chère. Tout en douceur, comme un médecin panse les blessures d’un patient, elle dépose de petites lanières en plâtre sur le corps de gens qu’elle connaît et qu’elle aime. Elle retire ce plâtre qui prend la forme du corps et l’expose.
Depuis un certain temps, elle l’enduit d’argile. Une fois détachée de sa matrice en plâtre, l’argile garde les plus petites traces de la peau. Cette technique de son invention matérialise comme par magie la densité et la matérialité de la chair. Pour Fanny Alloing, le plâtre représente l’âme, l’émule en argile, la partie charnelle. La sculpture devient ainsi consolatrice de la condition humaine, qui tient entre la vie et la mort.
Ileana Cornea – artension hors-série n°30