Mois : octobre 2023

Exposition collective – La Droitière

« Il y a une fêlure en toute chose. C’est ainsi qu’entre la lumière » chantait Leonard Cohen.

C’est ce que l’oeuvre de Fanny Alloing illustre. D’abord, des empreintes moulées : visage, buste. Puis, ses créations sont devenues plus grandes, avec des empreintes de corps, réalisées sur des modèles nus, souvent des danseurs – elle-même est ancienne danseuse. Fendus, craquelés, ils se présentent frêles, fragiles comme des peaux de mue : elle les nomme « chrysalides ».

Professeur de modelage sur terre, son travail artistique est récent : « J’ai commencé à présenter mon travail de terre en 2014, explique-t-elle. Avant, je mettais en scènes des mues de plâtre. L’empreinte, au plus près de l’être qui a posé, et la sortie du modèle de sa chrysalide : c’est l’essence de mon travail ». Depuis cinq ans, le plâtre est devenu matrice, où elle estampe la terre en couches fines à l’intérieur, aboutissant à des oeuvres épaisses de deux centimètres, « fines comme des feuilles d’automne ». Chaque étape se charge d’une valeur symbolique. D’abord, le processus : « Le moulage est une expérience à deux et, lorsque les gens sortent du plâtre, c’est  comme une renaissance. » Les matériaux, ensuite : « Les nus de plâtre  sont fantomatiques, comme une mue d’insecte, tandis que lorsque j’estampe la terre à l’intérieur des plâtres, je retrouve la densité de la chair ». Puis vient le transport de l’estampe de terre sèche pour la cuisson, avec la part de hasard et la possibilité de sa destruction qui y sont liées, l’extrême délicatesse du moulage pouvant en causer la perte. Démarche et objet parlent du corps, de l’expérience du corps comme connaissance de la finitude et intuition de sa mortalité. Là, se fonde ce sens tragique du destin humain, incarné dans une enveloppe charnelle où grâce et fragilité s’intriquent.

De l’apparence de momies enveloppées de bandelettes de plâtre de ses débuts, les « chrysalides » humaines de Fanny Alloing ont atteint, par le passage à la terre cuite, un surcroît de force d’évocation. Le brut de la matière qui se fissure, se mêle à la sophistication des effets d’émaillage et à la subtilité du rendu des corps. Il s’en dégage une empathie aiguë pour l’homme, qui parle du lien, de la vunérabilité et de la dignité. Et ce « combat pour garder l’être », dont parle la céramiste au sujet du processus de création, acquiert son deuxième sens, plus profond, de portée métaphysique.

Mikaël Faujour / La revue de la céramique et du verre

Exposition Collective « Le Nuage Bleu »

« Fanny Alloing et les femmes de feu »

De sa chrysalide immaculée de plâtre – « mue de l’âme » comme elle se plaît a dire – Fanny Alloing donne naissance à ses femmes de feu. Artiste cœur et âme, elle ouvre la voie des traversées secrètes, par-delà le temps.

Ni passé ni futur mais chaque œuvre est ancrée dans un présent fragile. Ses femmes de feu portent la marque d’une puissance venue d’ailleurs qui ne s’oppose en rien aux délicate cassures, échardes, trous et parchemins des traces de vie rugueuses gravées pour toujours.

Extrait de texte de Anne Luthi-Dumont – collectionneuse

Exposition « CÉRAMIQUES » au FIAA

« Exposition Dialogue » entre la céramique ancienne et la céramique contemporaine organisée par Lucien Ruimy, fondateur du lieu, qui rassemble un choix d’oeuvres anciennes provenant du musée de la céramique de Malicorne-sur-Sarthe et des créations de sept céramistes contemporains.

« Si le corps de chair vivante est la première mesure du monde, Fanny Alloing le colore, l’habite. Même si elle le met en morceaux elle refuse autant sa destruction que sa simple réplique.

L’érotisme explose selon diverses « ardore » mais où la douleur et la mort ne sont pas absentes comme images de la condition d’existence sur terre et par la terre cuite et recuite en un tel travail. La nudité pointe hors de sa seule nature. Néanmoins ce travail – paradoxalement – nous approche plus d’elle. C’est comme si Fanny Alloing synthétisait en un ensemble d’énergie pour exprimer l’innommable, l’indescriptible.

Au regard s’offre d’énigmatiques renaissances en une poétique d’apparition particulière de ce qui jusque-là n’était pas perçu de la même façon dans un travail qui rappelle les corps brûlés de Pompéi comme les expérimentations les plus pertinentes de la post-modernité. »

Jean-Paul Gavard-Perret – Critique d’Art et Écrivain

Naissance d’une nouvelle pièce.

L’Usine à Zabu

Exposition hommage à Jean Zabukovec. 20 sculpteurs contemporains sont invités par Jean-Yves Gosti à présenter leurs travaux.

Le travail de Fanny Alloing: des sculptures de céramique, visages simples ou avec une partie du corps… Un travail de la matière précis, minutieux, où l’on sent combien les mains de l’artiste confèrent à la sculpture de son âme. Car, oui, ces oeuvres ont une telle présence qu’elles semblent rayonner de l’aura de leur âme. L’émotion se crée d’elle-même lorsqu’on est face à face avec un de ces visages tellement expressifs. Dialogue d’humanités, celle d’argile et celle de chair… Selon certaines légendes ancestrales, c’est de l’argile que les hommes ont été modelés. Comment rester de marbre devant la chaleur de la terre animée par des jeux de textures, de cuissons, de brûlures. Car l’artiste mêle la terre et le feu.

Hélène Raynal – collectionneuse