Le lieu et les gens

Installation Sculptures - Photos sur soie

juillet/août 2004

Eglise Saint Raymond - Audierne (29)

Ce qu’il reste des anges, dit elle de ses sculptures, empreintes de corps disparus, enfuis.
Suspendus, ils flottent, irréels, blancs, vides !
Depuis quelques années, Fanny Alloing s’applique à saisir le murmure des anges.
Elle dit « J’aime les gens et je suis chacun d’eux ». Le moulage est un moment primordial, un temps décisif, échange silencieux et concentration.
Formes pures, figées, les corps émergent lentement, immaculés, ouverts.
Visages immobiles, pâles , sans regard.
Impassibles, en aucun point troublés par notre prétentieuse agitation, ils restent là, hors du monde et cependant tout près de nous, bienveillants, protecteurs, anges gardiens.
La légèreté des matériaux, bandes plâtrées, soie , papier, laisse voir comme de la peau en transparence, l’intérieur autant que l’extérieur. La profondeur révélée derrière l’apparence.
Il se dit là quelque chose sur la fragilité de la forme humaine ; on chuchote un au-delà de la chair !
Abandonnées lors d’un passage sur la terre ces blanches chrysalides ne seraient-elles pas justement l’enveloppe de l’âme ?
Une porte s’est ouverte, nous sommes invités à méditer. Sans bruit et avec infiniment de douceur, nous sommes conviés à contempler l’inconnu, le grand vide, l’immensité à laquelle nous appartenons.
Dans la tendre lumière d’une petite chapelle, une cérémonie paisible est offerte à nos regards. Elle témoigne des cycles de l’existence, nous conte le passage du temps, les transformations de toutes formes de vie.
Et si ces êtres pâles, si tranquilles et si beaux nous parlaient simplement de la disparition des corps, de la mort inévitable. Beauté et fragilité du chemin « être et disparaître ».

Cecile Nivet, Directrice du Rayon Vert à Nantes

Autres books…